Episode 7 - Vacances, j'oublie tout.

C'est toujours le même cirque. Les dates de vacances d'été font l'objet d'une âpre négociation auprès de la hiérarchie. Le bel esprit d'équipe est mis à mal car chacun joue sa carte sans se soucier un seul instant du voisin. Depuis longtemps, j'ai choisi de ne pas entrer dans la course en oubliant les plages en août. Je pars en juillet à la montagne. Et j'assiste avec délectation à la bagarre que se livrent mes camarades de jeu pour emporter la partie. Ce moment est sans doute l'un des seuls de l'année où mes collègues m'apprécient un peu. Ils savent que je resterai pour garder la boutique pendant qu'ils se feront dorer la pilule sur la côte. La question se pose en d'autres termes : ils veulent tous la première quinzaine d'août et le chef ne conçoit pas un bureau sans quasiment personne pendant un mois complet. L'activité est certes extrêmement réduite, voire inexistante mais le principe prime sur la raison. C'est aussi une bonne occasion de rappeler à ces blancs becs qui est le chef. J'observe de loin et je me régale. Surtout quand je vois les mines défaites de certains. C'est plus fort que moi, j'adore les perdants dans ces circonstances. Je soupçonne le chef d'être lui aussi un sadique. De son côté, cela ne change rien. Il sera en Bretagne avec la famille et les amis, entre parties de pêche, gueuletons, mots fléchés et lecture quotidienne de Ouest France. 'Vous êtes certain Stan, que pour une fois, vous ne souhaitez pas partir un peu en août ?' Question rituelle du chef devant tout le monde en réunion commerciale de printemps. Regards inquiets pour certains, les plus récents ; les autres ne bronchent pas, ils connaissent ma réponse. Seulement peut-être qu'un jour, mon esprit de contradiction prendra le dessus. Ce jour là, je les aurais définitivement tous à dos. Mais je suis un pacifique et partisan de l'emmerdement minimum. Je leur souris. La guerre des congés n'aura pas lieu aujourd'hui.