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La vie de Stan Pérouse

18 janvier 2007

Episode 23 – Robert, dit Roberto, dit Bob

Je me rends compte que je n'ai toujours pas parlé de Robert alors qu'il est incontestablement l'un des personnages clés de notre compagnie. Robert se fait appeler Roberto ou Bob, selon l’humeur du jour et la qualité de son interlocuteur. Brun, le regard noir, peau mate, Robert en oublie souvent qu'Arras est loin des côtes de

la Méditerranée.

Notre

chtimi n'est donc pas italien, ni pied noir mais pour l'observateur extérieur, il n'y a pas plus méditerranéen que notre Bob. Exubérant et chaleureux, Roberto est un séducteur. Et même pour ceux qui l’aiment, Roberto est surtout une énigme. Responsable des relations extérieures de l'agence, personne ne sait précisément comment il occupe ses journées. On sent juste que son absence pourrait nous faire défaut, argument suffisant pour ne pas trop chercher à comprendre la véritable utilité de son poste. Ce matin, Bob est particulièrement en forme. Sa voix tonitruante résonne dans les couloirs. Bob lutte contre cette foutue photocopieuse qui lui a bouffé toute sa présentation. A son chevet, un gars de la maintenance et trois assistantes compatissantes épaulent notre homme en difficulté. Bien évidemment, les moyens mis en œuvre sont démesurés compte tenu de l’enjeu. Mais cela fait partie du personnage : remuer ciel et terre pour des peccadilles. La maintenance ne s’en formalise plus depuis longtemps. Les assistantes sont prêtes à tout pour s’attirer les faveurs de Bob, surtout celles n’ayant pas encore goûté aux joies du sexe dans les bras de notre meilleur étalon. A première vue, sur les trois demoiselles qui l’entourent, j’en identifie deux que l’on pourrait soupçonner de récidive. La troisième est nouvelle. Je ne l’avais pas encore remarquée. Bob est un gourmant. A sa façon de la regarder, il a déjà fait son choix. D’ici ce soir, il l’aura inscrite à son tableau de chasse. Les deux autres devront attendre leur tour. Son appétit insatiable malgré les nombreux rejetons et pensions qu’on lui connaît force l’admiration. Comment fait-il donc pour toutes les mettre dans son lit ? Beaucoup d’hommes de la boite voudraient l’imiter mais les femmes sont exclusives car elles voient en lui un George Clooney enfin à leur portée. Sa facilité agace parfois mais ce type est attachant, qualité rare dans un monde peuplé de caïmans et autres prédateurs. Je l’aime bien notre Robert.

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11 janvier 2007

Episode 22 - L'ennui

Je ne parle pas beaucoup de ma vie en dehors du bureau. Normal, je n'ai pas de vie. Enfin j'exagère un peu, disons plutôt qu'elle est très personnelle et que je préfère ne pas l'évoquer pour l'instant. On verra cela plus tard si vous êtes sages. Fin de la parenthèse.

Mon chef, encore lui, semble aller un peu mieux. Soit il est résigné, soit il a des informations rassurantes le concernant. Je n'en saurais pas davantage car il refuse d'en parler et m'intime l'ordre de reprendre le boulot en me mêlant de ce qui me regarde. Ok, ok, pas de quoi s'énerver, je voulais juste être gentil en prenant des nouvelles de votre santé. Voilà à quoi ça vous mène de vouloir être sympa. Au bout du compte, on se fait jeter comme un malpropre. La queue entre les jambes, je reprends place dans le quotidien, guettant ma messagerie au cas où Michel ou l'un de ses potes aurait la bonne idée de me contacter. Rien de nouveau là non plus. Qu'est-ce qu'on s'emmerde ici !

Géraldine me fait la gueule. J'ignore pourquoi car notre entente semblait parfaite jusque là. Je la soupçonne d'en vouloir plus que nos rendez-vous habituels. La question est courue d'avance : hors de question d'aller plus loin dans notre relation. Je n'ai aucunement l'intention de fonder une famille avec elle, ni avec qui que ce soit d'ailleurs. Ma position la contrarie. Je le sens bien. Mais je n'ai rien à me reprocher sur ce point. Aucune promesse dans ce sens donc elle n'a pas de raison valable de se refuser à moi comme elle le fait en ce moment. Notre escapade à l'hôtel du coin entre midi et deux est pourtant sérieusement remise en cause. J'en avais très envie. Cela m'aurait changé les idées. Mais non, rien à faire. Une vraie bourrique cette Géraldine.

Côté boulot, rien de bien excitant non plus. Les ventes se réalisent sans éclat, des ventes petit bras, déjà oubliées sitôt signées. En cette période de routine soporifique, j'aurais aimé une belle négo, quelque chose avec du sang et des larmes, quelque chose avec du panache. Mais non rien à faire, on se croirait en plein mois d'août...

4 janvier 2007

Episode 21 - La méthode Pérouse

Quand il y a une connerie faite sur un dossier, Jean-Luc n'est jamais très loin. Compte tenu des circonstances exposées par notre service clients, pas de doute, c'est du signé Jean-Luc avec un marqueur. Ce con a réussi à fourguer (pas d'autre mot dans ce cas) un couplage web et magazine alors que l'agence n'a jamais eu la main sur les supports papier. Le client est furieux car il croyait faire une affaire avec la formule proposée, ce qui n'était pas faux -c'était vraiment une affaire- alors qu'il devra se contenter d'une présence on line. Pour rattraper le coup, Diane est montée en première ligne. On procède toujours de la sorte en cas de bourde monumentale. Le client s'est senti valorisé grâce à la bonne vieille méthode de la mise en relation avec un responsable multi-barrettes mais c'est un coriace. Il ne se satisfait pas de la solution proposée. Elle lui a pourtant proposé une grosse campagne e-mailing sur une combinaison de plusieurs fichiers récemment constitués. Insuffisant Madame, merci de revoir votre copie sous peine d'annulation de la totalité du dossier. Ultime recours : Stan et ses coups tordus. Le plus souvent, mon chef préfère ignorer comment je me sors de certaines situations délicates. En cas d'extrême urgence, il arrive qu'il fasse appel à mes services. Rien de bien sorcier en fin de compte. Il suffit de se renseigner sur l'interlocuteur pour savoir à quoi il marche. En sortant du contexte strictement professionnel et en touchant la corde sensible, on est certain d'obtenir gain de cause. Du moment que je reste dans la légalité (pas de recours ni à la drogue ni à la violence), on me laisse carte blanche. En l'occurrence, le client serait un homme de moins de trente ans, célibataire et appréciant les sorties dans les lieux branchés. Bingo pour moi. Rien de plus facile, l'affaire sera réglée proprement en quelques coups de fil. Je reviens vers Diane avec plusieurs invitations pour des soirées très hot prévues pour les jours suivants. Ne se sentant pas de l'appeler pour lui annoncer qu'il risquait grâce à son agence préférée de passer quelques moments torrides, Diane me laisse le soin de le contacter. Pour s'assurer de sa complète coopération, nous utilisons au final la méthode du changement d'interlocuteur sur une réclamation client. Imparable.

Porteur de la promesse de se faire soigner par de belles plantes peu farouches, je ne pouvais qu'être bien accueilli. Je crois bien avoir reçu de sa part le qualificatif de 'seigneur'.

28 décembre 2006

Episode 20 - La connerie rapporte de l'argent

Pendant les travaux, les affaires continuent. Afin de ne pas éveiller les soupçons, j'ai repris bien gentiment ma place de commercial sobre et efficace. Personne ne doit soupçonner qu'à l'abri des regards, je fomente la révolte grâce à l'aide des gars de l'informatique.

Une collaboratrice de Marie-Laure me fait savoir qu'elle est désormais mon interlocutrice sur notre dossier commun. Très bonne nouvelle. Le dossier n'est donc plus à risque. Cela tombe plutôt bien en cette période de turbulences. Merci Marie-Laure pour ton élégance. S'il le faut, je te revaudrai ça.

D'après certains, le marché serait tendu en ce moment. C'est typiquement le genre de phrase à la con qui m'agace au plus haut point. J'ai tendance à penser que ceux-là s'abritent derrière cette formule pour masquer leur incompétence. Ils ne peuvent pas reconnaître leur impuissance à réaliser leurs ventes et accusent le marché de leur jouer un mauvais tour. Insuffisant. De mon côté, les affaires continuent à tomber régulièrement. Pas de quoi de s'enflammer mais ça va, je n'ai pas à me plaindre. Deux grosses campagnes sont en attente de validation chez deux clients différents. L'une est pour un nouveau magazine à orientation 'people', l'autre pour un nouveau magazine à vocation complètement 'people'. L'un comme l'autre n'ont aucun intérêt et n'apportent rien de novateur sur ce secteur déjà encombré. Mais ce ne sont pas oignons. Du moment qu'ils m'achètent de l'espace, je n'entre pas dans leur stratégie éditoriale. La connerie rapporte de l'argent. Qui s'en plaindrait ? Mes acheteurs respectifs se connaissent. Je les soupçonne de s'observer en secret pour savoir qui va dégainer le premier. Pour l'instant, personne ne bouge et moi, je ne suis pas plus avancé. J'ai fais plusieurs relances sans succès. A la dernière, on m'a fait clairement fait comprendre que je n'étais pas décisionnaire sur le dossier. C'est le client qui décide. Pas son commercial. Ah bon ?

21 décembre 2006

Episode 19 - Rencontre du 3ème type

J'ai averti en préambule que mes intentions ne sont jamais mauvaises, que je ne cherche à nuire à personne. J'arrive maintenant à un point où les belles paroles cherchent un écho. Il va falloir choisir son camp, camarade. Aller au bout de la démarche et lutter contre le plan de rapprochement ou laisser filer en espérant que les dégâts ne m'atteignent pas. La deuxième solution est tentante mais trop risquée. Je préfère, de loin, avoir l'illusion d'être maître de mon destin. C'est définitif : je joue la carte de la résistance, une résistance constructive. Je me sens merdeux tout d'un coup. Avoir imaginé, ne serait-ce que quelques secondes abandonner le navire, c'est une honte absolue. Comment aurais-je pu me regarder à nouveau dans un miroir après cela ? La mise en garde de Michel n'a pas suffi. Je décide de revenir à la charge. 'Alors, Michel, quoi de neuf ?' Il me fait remarquer qu'à peine quarante huit heures se sont écoulées depuis notre entrevue. Par conséquent, les chances d'avoir pu en parler aux autres sont nulles. Mais j'ai sous-estimé le lascar. Michel est un homme écouté au sein de sa communauté. Michel et les siens ont été sensibles à mon discours. Leur chef est même disposé à me recevoir pour connaître ma version des faits. Quand ? Dès maintenant si je le souhaite. Pas d'hésitation à avoir. Les opportunités sont rares d'être reçu par 'son éminence'. Michel me précède dans le bureau du grand chef, un espace petit et sombre, à l'image du monsieur connu pour ses excentricités. C'est la première fois que je pénètre dans l'antre du maître informaticien de la boite. La présence d'un non-informaticien dans ce lieu est aussi une première. Même le grand patron n'a jamais pu fouler ce sol. Nous sommes en territoire sacré et il est impensable de le souiller. 'Faites vite, j'ai peu de temps à vous accorder. Asseyez-vous tout de même.' Pas très fier le Stan devant le bonhomme, taille moyenne, crâne rasé, voix très grave et regard perçant. La situation est donc rapidement exposée. Si nous ne nous organisons pas, nous prenons le risque d'être dépecé comme de la viande d'abattoir. Il ne semble pas informé de la situation. Selon moi, un directeur de son niveau devrait être au courant de ce genre de chose mais je ne m'en étonne pas auprès de lui. Le personnage est réputé pour sa susceptibilité. Et on n'a que faire de mon opinion, surtout compte tenu des circonstances. Il approuve ma démarche, me remercie et me dit devoir réfléchir à la riposte. Il est disposé à monter au créneau auprès de la direction dès que nous serons prêts. Voilà, j'ai déniché notre leader charismatique.

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14 décembre 2006

Episode 18 - Géraldine, la coquine

Comme un aboutissement après une longue traque, je me retrouve sur le flanc observant sa poitrine se gonfler à chaque respiration. Géraldine dort enfin. Elle est belle, encore plus belle apaisée après ces ébats déjà inoubliables. Encore un peu et j'étais bon pour le SAMU. Cette fille est une dingue. Une dingue sympa mais une dingue. Même si je l'avais espéré, je ne pouvais pas imaginer une telle rigolade. Marie-Laure est presque oubliée. Que je sache, elle n'a pas cherché à me joindre mais je me méfie. C'est au moment où je m'y attendrai le moins qu'elle peut surgir et me mettre en pied du mur. Toujours être sur ses gardes, pour tout et envers tout le monde. Avec ce mode de fonctionnement un peu stressant, je le reconnais, je n'ai que des bonnes surprises. En attendant la belle Géraldine se repose à mes côtés et je savoure cet intermède en pensant à tout ce qui nous attend dans les jours à venir. Ma compagne du moment a-elle un rôle à tenir dans les plans de nos repreneurs italiens ? Son avenir est aussi incertain que le mien. La différence entre nous est pourtant de taille. Elle minimise, comme beaucoup, l'ampleur des dégâts possibles. En cas de rapprochement de sociétés, les chaises musicales accélèrent le mouvement et le tourbillon emporte généralement les moins préparés. Je me considère, à tort peut-être, comme moins exposé que les administratifs. Une entreprise a toujours besoin de commerciaux, surtout s'ils ont fait la preuve de leur productivité. Quelqu'un comme Géraldine, risque gros dans ce contexte mouvementé. Certes, elle ne fait pas partie des gros salaires mais elle est loin d'être irremplaçable. Je la plains mais je ne vais rien lui dire. Je ne voudrais pas qu'elle panique et surtout je voudrais goûter encore à sa peau. L'oiseau de mauvais augure n'a pas beaucoup de chance de se faire la belle.

7 décembre 2006

Episode 17 - Michel

Premier contact difficile avec Michel. L'informaticien est sauvage, méfiant à l'approche d'une créature ne venant pas de sa planète. Je suis un corps étranger et donc a priori dangereux pour lui. Pour détendre l'atmosphère, je tente quelques banalités sur le temps, le football et le retour imminent des hirondelles. Michel n'est ni météorologue, ni supporter, encore moins ornithologue. Michel est binaire. Sa vie se résume à une succession de un et de zéro. Pas facile de nouer des liens avec cette caricature de 'nerd'.

Les rares fois où nous nous sommes croisés, c'était à l'occasion de formations ou de conventions. J'en avais gardé un meilleur souvenir, en tout cas pas celui d'un visage fermé, voire inexpressif. 'Ca va Michel ? Tu me remets pas ou t'es en veille ?' Ma tentative d'humour semble le sortir de sa torpeur. Avec un peu de temps et de patience, je peux espérer pouvoir entamer un dialogue et sortir de la salle info avec quelque chose. Comme je ne bouge pas malgré son manque d'enthousiasme à me faire la conversation, il se résout à m'écouter. Son avenir et celui de ses potes aux claviers est menacé par un complot ourdi par des malfaisants aux dents longues sans aucune considération pour la noble caste des informaticiens. L'heure est grave et il faut rassembler toutes les forces au plus vite si l'on veut avoir une chance de sauver l'entreprise. Mon argument parvient susciter son intérêt. Complot, méchants, menace sur la tribu, le triptyque magique pour amadouer ce grand benêt qui s'ouvre et devient touchant. La connexion est établie. Il va en parler au reste de la bande et le grand chef sera certainement mis au parfum si l'assemblée le juge utile. L'espoir renaît. Sous le coup de l'euphorie, je propose d'exposer moi-même la situation à leur directeur. Jugée prématurée ma manoeuvre est mal interprétée. Un étranger au service ne peut parler pas au chef sans y avoir été expressément invité. Je me ravise aussitôt et cela est considéré comme un marque de respect. Michel me sourit. Nous sommes en phase. je quitte les lieux ragaillardi par cette ébauche d'alliance. Aurais-je de nouveaux amis désormais ?

30 novembre 2006

Episode 16 - Retour perdant

Je n'aime pas les filles faciles. Avec Marie-Laure, je suis servi. Jamais disponible, même carrément intouchable, j'ai pris le parti d'arrêter de lui courir après. Je laisse venir et me laisse porter. Sa dernière lubie après plusieurs jours de silence radio : partir en week-end à Copenhague. Elle a dû tomber sur un article vendeur dans un quelconque magazine et se croit désormais investie par le devoir d'aller vérifier sur place que le journaliste a dit vrai. Pourquoi pas Copenhague, mais aussi pourquoi pas Oslo, Genève ou Vesoul. Je ne lui fais pas remarquer que j'aurais préféré un endroit plus romantique pour notre premier week-end en amoureux (même Deauville semble plus approprié) mais je le pense suffisamment fort pour la voir vraiment en colère devant tout le monde dans ce petit restaurant au menu vin compris. Elle me fait carrément honte surtout quand elle prend à partie le serveur pour le sonder sur Copenhague et sa petite sirène. Qu'en sait-il, lui d'abord ? Il a sûrement d'autres choses à penser à ce moment là, comme à la table du fond qui trépigne de n'avoir toujours pas eu la carte des desserts et que la grosse Madame bouillonne de n'avoir pas eu sa ration de sucre. Cette bonne femme est une hystérique. C'est décidé, je la plaque. Il faut juste faire gaffe au contrat. Le mouvement s'annonce périlleux.

Le chef transpire, le chef s'étrangle, le chef suffoque. On ne sait plus quoi faire pour lui rendre un minimum de sérénité. A ce rythme, je ne donne pas très cher de sa peau. Le nombre de gobelets de café ingurgités par jour en dit long sur son état. Mais personne à part moi ne semble s'en préoccuper. Les rumeurs persistantes de rachat conduisent les uns et les autres à agir en stratégie personnelle. Sauver sa peau pour les uns, briguer les meilleurs postes pour les autres. Si les italiens nous rachètent effectivement, ils ne vont pas être déçus par l'ambiance. Une odeur de souffre plane dans les couloirs. Attention, mesdames et messieurs, le spectacle va commencer.

23 novembre 2006

Episode 15 - Fort Alamo

Pendant que j'organise la résistance en interne, des rumeurs de rachat circulent et se rapprochent. Un conglomérat italo-espagnol s'intéresserait à notre agence, une opportunité pour eux de s'implanter en France, une chance pour nous de sortir de notre approche franco-française. Ne faut-il pas être global, worlwide, pluri-culturel pour survivre et se développer dans le monde économique d'aujourd'hui ? C'est à peu près en ces termes que mon chef me révèle le secret de polichinelle tandis que je lui fais part de mes récentes manoeuvres pour sauver notre peau. Panique à bord.  Les crapules nous encerclent. De l'intérieur, de l'extérieur, les vautours attaquent et nous sommes peu nombreux pour faire front. Fort Alamo en banlieue parisienne. Surréaliste. Puis-je compter sur vous, chef ? Eh chef ! (La 7ème compagnie au clair de lune - Jean Lefevre à Pierre Mondy) A qui peut-on faire confiance dans cette foutue boite désormais ? C'est du chacun pour soi total et nous sommes quelques uns à ne plus bien dormir. Ou pas. En comptant le chef, Diane et moi, nous sommes déjà trois. Sur trois cents personnes, nous pesons peu hélas. Reste à savoir si d'autres résistants ne sont pas cachés et attendent le signal pour grossir nos rangs. Finalement j'adore cette situation. Je retourne en enfance lorsque nous organisions les bandes dans les cours de récréation. Nostalgie...

Premier point d'appui logique : l'informatique. Leur réputation repose sur celle de leur directeur, une grande gueule iconoclaste n'ayant peur de personne et surtout pas de ces messieurs du comité de direction. Il est de notoriété publique qu'un projet peut être développé au sein de sa direction seulement s'il est défendu avec conviction et des arguments sérieux. Hors de question que ces gars bossent pour la gloire ou parce qu'un chef de produit (le service marketing est sa cible favorite) aura mal évalué la portée de sa demande. Ses lieutenants sont de la même trempe. Que des chieurs, des râleurs, des empêcheurs de tourner en rond, des gars pas faciles et réputés impossibles à manoeuvrer. Je connais vaguement un développeur de chez eux, Michel. J'ai bon espoir qu'ils m'écoutent.

16 novembre 2006

Episode 14 - Diane est une grande dame

Le cas de Diane est loin d'être réglé. On sent la pression venue d'en haut pour la faire chuter coûte que coûte. Mon chef résiste mais il a de plus en plus de mal. On lui demande des motifs pour accabler sa responsable clients tandis que l'activité a rarement été aussi soutenue. Rien ne va plus. Son teint blafard et la noirceur de ses cernes trahissent un manque de sommeil et un stress énormes. La compassion ne fait normalement pas partie de mes aptitudes professionnelles. On apprend tous les jours, parait-il. Diane aussi montre des signes de faiblesse. Elle, d'habitude pleine d'entrain, pique du nez sur ses dossiers et répond difficilement aux sollicitations des autres services. Mes tentatives pour engager la conversation sur le sujet ont échoué les unes après les autres. Elle me dit qu'elle préfère préserver ce qui peut encore l'être. Inutile, selon elle, d'exposer ses collègues aux manoeuvres d'un psychopathe. Aucun doute, Diane est une grande dame.

Profitant de ce climat délétère, certains rigolos dont Jean-Luc, bien évidemment, avancent leurs pions en vue d'éventuels mouvements internes. Ca sent la charogne et les vautours survolent les lieux. Franchement dégueulasse comme spectacle. On ne peut pas laisser faire. Il faut organiser la résistance et rassembler les bonnes volontés autour d'un projet positif et non sur les cadavres de l'encadrement sortant. J'en parle à mon chef mais il fait la sourde oreille. Trop tard, trop risqué, trop désespéré. On ne peut pas compter sur lui. Dans ce genre de cas, j'ai toujours été volontaire. C'est mon côté boy scout, bien élevé par mes parents dans la tradition des préceptes judéo-chrétien. Alors même que je voulais rester en dehors de tout, je risque de me retrouver au centre de la tourmente qui va agiter la boite dans les prochains jours. Le regard de Diane a changé. Elle me fixe longuement, intensément. On dirait de l'amour. Ce n'est que de la reconnaissance mais c'est déjà pas mal. Merci d'avance.

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La vie de Stan Pérouse
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