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La vie de Stan Pérouse
12 octobre 2006

Episode 9 - Rendez-vous extérieur, la revanche.

Le médecin du travail me l'a recommandé à chaque visite annuelle : je dois diminuer la consommation de café. Le corps humain n'est pas conçu pour absorber deux litres de café par jour. Le risque pour la santé est évident. Les mains moites et les perles de sueur ne sont d'ailleurs pas étrangers à cette sur-consommation. C'est dans la hall d'accueil de mon nouveau prospect que je prends conscience de l'intérêt de suivre la prescription médicale. J'ai chaud alors que la température semblerait normale. Le trac avant d'entrer en scène ? Peu probable. J'opterais davantage pour la douzaine de cafés ayant précédé ce rendez-vous. Je camoufle comme je peux en soufflant discrètement dans ma main pour en gommer l'aspect poisseux. Ca ne fonctionne pas. Les toilettes sont juste à côté de l'accueil. Je m'y faufile pour passer mes mains sous l'eau froide. Tout irait mieux si l'essuie-mains n'était pas un souffleur à air chaud. Choux blanc ou presque. Tant pis, il faut quand même se lancer et affronter le prospect, le séduire me ravise-je en voyant débarquer cette femme somptueuse aux doux relents de parfum acidulé. Le charme opère immédiatement. L'entretien n'a pas encore démarrer et je suis déjà disposé à lui faire les remises d'usage rien que pour demeurer à admirer son élégance et écouter sa voix chaude. Elle est exactement à mon goût, trop peut-être ce qui en ferait quelqu'un de suspect. Corps athlétique, mains manucurées sans vernis, torse avantageusement bombé, regard sombre derrière de fines lunettes, la quarantaine affirmée, cette femme est un fantasme vivant. J'en perds mes moyens et ne sais pas par où commencer ma 'brillante' démonstration commerciale sur les enjeux de sa firme et l'apport que notre centrale pourrait lui apporter pour les prochains mois, pour les prochains siècles même, si Dieu me donne la chance de vivre aussi longtemps auprès d'elle. Marie-Laure semble s'intéresser à mon discours. Je n'ose pas imaginer un seul instant que son intérêt aille au delà. C'est pourtant quelque chose dans ce goût qui la fait vouloir prolonger l'entrevue devant un déjeuner rapide, juste à côté, 'histoire de mieux faire connaissance'. C'est une gourmande, une vorace, à voir la façon dont elle traite la nourriture proposée dans son assiette. J'extrapole forcément et je sens alors quelque chose pousser et durcir. Cette fille me plaît vraiment. Je dois trouver le moyen de l'emporter sans mettre en péril le business. Le contrat éventuel est un gros morceau. Mon chef verrait d'un très mauvais oeil que je mélange les affaires et mes affaires. Rester discret tout étant efficace. Marie-Laure apprécie ma façon de faire. Nous procédons à la signature du contrat dans l'intimité de son appartement douillet du XVIème.

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